Antoinette Dilasser

Antoinette Dilasser

" Et d’un bout à l’autre les mêmes formes : indéfiniment cela bascule, repris, reproduit, détourné, multiplié. Le module des Mers Rouges est présent dans les dessins des premières années. Une « vision de baie » du Journal de Promenade aboutit aux Métamorphoses, aux Têtes Marines. Une obsession triangulaire traverse les Veilleurs, les Bateaux-feu, les Régentes. Etc.
Au point que ça le gêne. Il se dit que c’est une facilité, une banalité, un Veilleur ça fait un arbre et un arbre ça fait une étoile, et un paysage ça fait une tête ? "

Antoinette Dilasser, D., Bazas, Le temps qu’il fait, 2003

" Souvent ça m’arrivait (en ces temps-là) de redouter les moments où l’atelier se vidait. C’était avant les expositions. C’était quand une série s’épuisait, où exactement arrivait au point où le peintre disait ne plus rien pouvoir pour elle (pour cette vie-là, pour cette histoire-là) : l’atelier rempli se vidait. Destination : d’autres murs.
Après, l’atelier vide, il restait un mouton braillard. "

Antoinette Dilasser, L’atelier, Le temps qu’il fait & Domaine de Kerguehennec, 2013

" Il est fait d’enfance, c’est peu de le dire. Les Jardins sont nés dans les chambres de la maison-mère. « Si quelque chose ou quelqu’un venait à l’encontre de ce monde, le brisait, ce serait le casser, lui. Plus que jamais les années passant, comme la mémoire tend à se retirer vers ces temps-là, l’âge d’or, les enfances, il se retire et s’entoure du souvenir de ces maisons … "

Antoinette Dilasser, L’atelier, Le temps qu’il fait & Domaine de Kerguehennec, 2013

" Tu quis es.
Qui. Celui que nous aimons. On ne peut plus jouer à croire que c’est lui, là, le soir, dans la lumière de l’atelier. Jeu cruel. Si la lumière s’allume c’est nous. Nous de veille. "

Antoinette Dilasser, L’atelier, Le temps qu’il fait & Domaine de Kerguehennec, 2013

" Têtes, Planètes, Icare, Jardins, et du monde là-dedans. Le monde ? Enfin ? Imago mundi. Monde, amorce de monde, essai de regroupement ou de vision tendant à une unité, mais complexe, images d’autant plus efficaces qu’elles résultent non d’une volonté ou d’une approche préconçue, non d’un essai de ressemblance avec quoi que ce soit, mais d’un cheminement, répète-le, tâtonnement, méditation de la main, pensée de la main. La main sait, semble savoir. Avec cette ténacité, cette sorte d’innocence, aussi. "

Antoinette Dilasser, Pour François, Catalogue BREST-BORDEAUX, musée des beaux arts de Brest, musée des beaux arts de Bordeaux, 2008

" Le temps ordinaire, celui des comptages, ce temps qui est une réalité puisqu’il nous voit aller tous deux. Ce temps auquel il ne croit pas.
L’autre, le temps où tout a toujours existé, où tout ce qui co-existe sans avant ni après. Kafka, l’éternité de l’événement.
Le temps propre à la maison D. était (est toujours) cela. F. ne s’es sort qu’en étant toujours dans la maison D. Sa façon d’être, son travail, ne peuvent se comprendre qu’ainsi. "

Antoinette Dilasser, Pour François, Catalogue BREST-BORDEAUX, musée des beaux arts de Brest, musée des beaux arts de Bordeaux, 2008